La baignade en eau froide connait un engouement massif et ses bienfaits sont relevés par des études scientifiques. Pratiquée correctement, elle stimule les systèmes immunitaire, vasculaire et neurovégétatif, nous dit le docteur Mathieu Saubade, médecin hospitalier au service de médecine du sport du CHUV et à Unisanté.
Romaine Jean / Update 10.10.2024
Le docteur Saubade pratique la baignade en eau froide, le week-end, dans le lac Léman. Normal pour ce médecin du sport, originaire de Biarritz, qui conserve de son enfance, le souvenir des « Ours blancs », cette association d’habitants de la région, qui se baignent toute l’année dans l’océan Atlantique. Comme des milliers d’adeptes en Suisse, de tous âges, qui nagent dans les lacs, rivières ou étangs gelés, même en plein hiver. On les voit d’année en année plus nombreux, notamment à la Coupe de Noël de Genève ou la coupe des glaces de Morges.
La science s’est emparée du phénomène et des études ont paru sur les bienfaits des baignades en eau froide. La première a été réalisée en 2015 sur le Néerlandais Wim Hof, « l’homme de glace », le recordman tout terrain. Il a parcouru 66 mètres à la nage sous la glace en Finlande, couru pieds nus au cercle polaire arctique ou atteint le sommet du Kilimandjaro en short. Sa méthode, basée sur des techniques de respiration, de méditation et le contrôle de son mental, est désormais enseignée dans le monde entier.
Lutxo Saubiette a réalisé une enquête sur l’association des Ours Blancs, dans le cadre de sa thèse de doctorat en pharmacie à l’Université de Bordeaux, publiée en 2020. Établie sur un questionnaire de santé anonyme, auprès des membres de l’association, l’étude conclut à de réels bénéfices sur la santé physique et mentale des adeptes, notamment à travers la stimulation de leur système immunitaire. On constaterait la diminution de certaines pathologies chroniques, comme la dépression. Les prises médicamenteuses seraient également limitées.
Des bienfaits mais une pratique à encadrer
Le froid représente donc à présent un outil thérapeutique, au même titre que l’activité physique ou l’alimentation. Le Dr. Saubade estime, que, pratiquée intelligemment et régulièrement, la baignade en eau froide a un impact global favorable à la santé. Elle est pareillement euphorisante et anxiolytique, car elle stimule la production de dopamine, de sérotonine, d’adrénaline et d’endorphines. Elle pourrait aussi être efficace pour calmer rhumatismes et polyarthrites, dit-il.
Les sportifs de haut niveau connaissent de longue date l’immersion dans le froid, qui facilite la récupération musculaire. Ces dernières années, la cryothérapie, qui consiste à être enfermé dans une cabine à -110 °C, (pouvant aller jusqu’à – 195 °C) pendant deux à trois minutes, a largement gagné en popularité, notamment, en médecine, pour soulager les douleurs de maladies inflammatoires chroniques comme la polyarthrite ou la sclérose en plaques.
Attention cependant, avertit le Dr. Saubade : la baignade en eau froide doit être encadrée. L’exposition brutale au froid peut provoquer un choc thermique, induisant dans certains cas de l’arythmie cardiaque ou un infarctus du myocarde, chez les personnes sujettes à une pathologie cardiaque.
Interview avec le Dr. Mathieu Saubade, médecin hospitalier au service de médecine du sport du CHUV et à Unisanté

Dr. Mathieu Saubade
Peut-on vraiment parler d’effets bénéfiques des bains en eau froide, ou est-ce un phénomène de mode ?
Les effets généraux sont toujours à prendre au cas par cas, ce sont des pistes mais il n’y a pas d’évidences scientifiques formellement établies.
Il y a un très net accroissement du sentiment de bien-être, qui peut avoir un effet sur le stress ou le sommeil.
Ce que l’on sait en revanche, c’est qu’il y a un très net accroissement du sentiment de bien-être chez les adeptes de la pratique. La stimulation du système nerveux parasympathique peut avoir un effet réel sur le stress ou le sommeil, par exemple.
Quelles sont les règles à respecter par tout un chacun ?
Au moindre doute, commencez par faire un bilan de santé chez un médecin ou un médecin du sport, pour discuter des risques. Les pièges à éviter sont l’hydrocution ou l’hypothermie. Il est conseillé d’entrer dans l’eau froide, progressivement, sans plonger, en évitant de débuter par les pics de froid en plein hiver. Une pratique régulière permet de potentialiser les effets positifs, plonger dans l’eau froide, régulièrement et par étape progressive, c’est important, en évitant de débuter par des pics de froid. On peut s’entraîner en terminant chaque douche par quelques dizaines de secondes avec de l’eau froide. Il est aussi recommandé d’être toujours accompagné, de préférence, des personnes habituées à la pratique, pour augmenter sa sécurité.
La pratique doit être encadrée. L’exposition brutale au froid peut provoquer un choc thermique.
Combien de temps peut-on rester dans l’eau froide ?
On estime que le nombre de minutes en eau froide ne doit pas dépasser la température extérieure, même s’il n’y a pas d’étude probante à ce sujet. Si l’eau 6 degrés en extérieur, il vaut mieux ne pas dépasser 6 minutes dans l’eau. De plus, je conseille de ne pas immerger la tête, de porter des gants et des chaussons en néoprène, pour isoler et limiter l’exposition au froid des extrémités. En sortant de l’eau, il est très important de se réchauffer immédiatement, pour éviter une hypothermie.
Littérature scientifique :
- Saubiette L. Les bienfaits de la baignade en eau froide à travers une enquête auprès de l’association des Ours Blancs – 2020
- Chiari M, Saubade M, Besson C, Desgraz B, Gremeaux V. Chambres de cryothérapies et immersion en eau froide : utilisation thérapeutique et risques. Revue Médicale Suisse – 2020
- Tipton MJ, Collier N, Massey H, Corbett J, Harper M. – Cold water immersion: kill or cure? Experimental Physiology 2017
Photos: Mika Ruusunen – unsplash.com / unsplash.com / idd
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1 Commentaire
Bonjour
Je prenais 5 klipal 600 par jour, depuis 10ans, suite a des problèmes de genoux récurant ( cela ne faisait plus effet )
J’ai découvert la nage en eau libre avec mes palmes , combinaison de 2mm une fois la semaine toute l’année
Je nage 30mn dans l’eau à 7 degrés, 10mn dans l’eau à 0 degrés
Je ne prend plus de klipal après 2 semaines de seulement
Je ne cherche pas la performance, c’est thérapeutique tout simplement ,mais ça marche