Diane Louise Lassonde PhD
Si elle aide à guérir, la chimiothérapie affecte aussi la qualité de vie des personnes atteintes du cancer. Son impact sur les fonctions cognitives a longtemps été négligé. La Plate-Forme Cancer et Cognition du Canceropôle Nord-Ouest de Normandie, en France, s’attaque à ce problème par des recherches pionnières présentées en Suisse lors du Symposium de l ‘IRCM (Groupe International de chercheurs pour le développement de la médecine complémentaire).
Les femmes anglo-saxonnes ont été les premières à témoigner de leurs difficultés à reprendre une vie normale après une chimiothérapie. Beaucoup se plaignaient de ne plus être capables de réaliser des tâches banales, d’être totalement confuses ou de ne plus savoir vraiment ce qu’elles faisaient.
C’est ainsi qu’a émergé la notion de Chemofog. Fog veut dire brouillard. Il décrit un mélange de fatigue, d’absence de motivation et de lassitude qui empêche une personne de penser, de mémoriser et d’organiser ses actes dans la vie quotidienne. La notion a ensuite évolué en Cancerfog car ces problèmes concernent en fait l’ensemble de la trajectoire d’un(e) patient(e) ayant été traité pour un cancer.
Le protocole
L’équipe du Canceropôle de Normandie a mis en place un protocole permettant de dresser un bilan de situation en lien avec les traitements contre le cancer. Il comprend divers examens : imagerie cérébrale, consultation mémoire et bilan psycho-neurologique. De plus, un questionnaire standardisé évalue la mémoire, l’attention et la concentration. Ce bilan est important car, en cours de traitement, si un patient oublie de prendre ses médicaments, sa survie en sera affectée. Après le cancer, se pose la question du retour au travail ou de la reprise de la vie de famille. Cela représente un stress énorme. Il faut donc pouvoir expliquer à l’employeur ainsi qu’aux proches, quelles sont les conséquences psycho-physiologiques des traitements, et aussi leur dire qu’il est possible de faire quelque chose pour réhabiliter la personne et l’aider à reprendre sa place dans la société.
Les principales observations
L’équipe a étudié tous les types de traitements : chimiothérapie, hormonothérapie, radiothérapie, immunothérapie et thérapies ciblées. Leurs effets sont objectifs et mesurables. Ils perdurent au moins un an après la fin des traitements.
Les observations sur les effets délétères de la chimiothérapie indiquent que celle-ci induit une inflammation systémique du microbiote ainsi qu’une grande fatigue.
Les observations sur les effets délétères de la chimiothérapie indiquent que celle-ci induit une inflammation systémique du microbiote ainsi qu’une grande fatigue. La fatigue est un phénomène bien connu ; il existe des marqueurs associés à la fatigue, mais son mécanisme lui demeure en partie une énigme.
Les pistes de solutions
Pour remédier au chemofog, la stratégie qui est proposée repose sur trois piliers : faire de la stimulation cognitive, inciter les personnes à pratiquer une activité physique et enfin conseiller des suppléments alimentaires. Une étude conduite sur des souris a montré que la prise de Giseng (panax quinquefollus) associé à la vitamine C avait un effet très positif sur la fatigue et l’état du microbiote. En revanche, il n’a eu aucun effet positif sur les déficits cognitifs.
Pour remédier au chemofog, la stratégie qui est proposée repose sur trois piliers : faire de la stimulation cognitive, inciter les personnes à pratiquer une activité physique et enfin conseiller des suppléments alimentaires.
Les données recueillies par l’équipe de Normandie serviront à aider les industriels qui développent les molécules, et les oncologues qui les prescrivent, à choisir les substances les moins délétères pour les patients. Les recherches sur l’inflammation du microbiote de même que celle sur la fatigue permettront de mieux cibler les réponses à apporter aux effets négatifs ressentis par les nombreuses personnes qui, heureusement, grâce à la chimiothérapie et aux autres traitements ciblés, guérissent du cancer.
Pour plus d’information
- Perspective historique sur l’activisme des femmes ayant eu un cancer du sein aux USA : de l’éducation au partenariat dans la recherche
- Plateforme cancer et cognition du canceropole nord-ouest
Photos: unsplash
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