Diane Louise Lassonde PhD
La fièvre, un mécanisme d’alerte
Un enfant a 40°C de fièvre et c’est la panique chez les parents. Ils se précipitent chez le pédiatre pour avoir la confirmation qu’il n’a rien de grave et demandent un médicament pour faire baisser sa température. Selon l’approche intégrative en pédiatrie, cette angoisse n’a pas lieu d’être. Bien au contraire, la fièvre indique que le système immunitaire de l’enfant se mobilise pour lutter contre une infection. De plus, la fièvre n’a pas d’effets néfastes ni sur le cerveau ni sur les autres organes.
La fièvre indique que le système immunitaire de l’enfant se mobilise pour lutter contre une infection.
Les animaux ont aussi la fièvre
Depuis plus de 600 millions d’années, ce mécanisme biologique a permis aux animaux ainsi qu’aux humains de s’adapter aux différents pathogènes présents dans leur environnement. Des études ont montré que des souris auxquelles on avait inoculé un virus mourraient si on refroidissait leur corps. A l’inverse, celles qui étaient maintenues dans la chaleur survivaient. Le mécanisme est le même chez animaux à sang froid ou à sang chaud, à savoir qu’une température du corps élevée permet de lutter plus efficacement contre la réplication des virus.
Existe-t-il une température maximale ?
Il n’y a pas de température maximale à partir de laquelle la fièvre présenterait des dangers. Des températures allant jusqu’à 41 ou 42°C ont été recensées sans qu’il y ait de dommage pour un enfant. Dans la réalité, pour de nombreux parents, ces températures sont anxiogènes. C’est précisément pour modifier cette perception que deux pédiatres ont entrepris un projet conjoint, le Dr. Tido von Schoen-Angerer de Genève et le Dr. David Martin, directeur de l’Institut pour la Médecine intégrative de Witten-Herdecke, en Allemagne. Selon eux, de nombreux parents ont des préjugés, voire des conceptions erronées de la fièvre, de ses effets et ignorent comment aider leur enfant à se rétablir de manière naturelle.
La priorité : calmer les parents
Selon les deux pédiatres, les parents interprètent la fièvre comme une maladie alors que ce n’est qu’un symptôme. Les parents ont peur parce qu’ils se sentent impuissants et que la maladie d’un enfant bouleverse l’organisation de la vie quotidienne. L’école, le travail, les déplacements, les courses, les rendez-vous, il faut tout réorganiser autour de la maladie.
Les parents interprètent la fièvre comme une maladie alors que ce n’est qu’un symptôme.
Améliorer les compétences des pédiatres et des parents
Les pédiatres eux-mêmes participent de cette phobie, essentiellement par manque d’information ou parce qu’ils se sentent obligés de proposer une solution à des parents inquiets. Une étude de 2011 indique que 96% des pédiatres suisses estiment qu’au-delà d’une température rectale de 38,5°C, il faut réduire la fièvre. La grande majorité d’entre eux ont prescrit du paracétamol et de l’ibuprofène. Moins de 10% ont recommandé des préparations homéopathiques.
Les messages clés
Face à la phobie de la fièvre, un médecin de famille ou un pédiatre formé à l’approche intégrative aura un rôle à jouer pour calmer les parents et leur donner quelques conseils. Les messages clés :
- la fièvre fait partie du processus naturel et spontané de guérison
- il ne faut pas chercher à l’enrayer par des médicaments ou des antibiotiques
- les parents doivent se faire confiance ; ils connaissent leur enfant, ses réactions, sa sensibilité, et sont parfaitement aptes à juger de son état
- il est possible d’accompagner son enfant avec des préparations naturelles pour lui procurer plus de confort et apaiser ses douleurs
- enfin, un enfant qui a de la fièvre c’est une opportunité pour resserrer les liens avec lui, l’entourer d’attention et lui témoigner de l’affection ; profitez-en !
Changer d’attitude en faveur d’une approche intégrative
Selon les deux médecins, il est temps que parents et médecins changent d’attitude. Faire baisser la fièvre ne doit plus être l’objectif visé. Pour cela, il convient d’élaborer de nouveaux protocoles visant à diminuer l’inconfort de l’enfant, à apaiser ses douleurs et à le réconforter.
Faire baisser la fièvre ne doit plus être l’objectif visé.
Les solutions naturelles
Il existe un grand nombre de méthodes naturelles pour cela. Les remèdes de grand-mère comme le thé de sauge ou de fleurs de tilleul sont une option. On peut aussi désinfecter les parties douloureuses, mettre des compresses tièdes, recourir à la phytothérapie, lui préparer des breuvages chauds, l’envelopper dans des couvertures douillettes et le laisser se reposer dans son lit.
Photos: Unsplash
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