Romaine Jean
Elle a appris le secret en même temps que sa médecine. « Un magnifique cadeau », dit-elle. A 28 ans, elle est aujourd’hui médecin en formation à l’hôpital de Sion et propose, en complément des soins classiques, des prières à ses patients, pour soulager leurs douleurs. Avec le plein appui de sa direction.
Tous les hôpitaux romands ont ouvert leurs portes aux médecines douces. Celui de Sion a désormais une médecin faiseuse de secrets. Florence Sierro a reçu le don d’une proche de la famille de son mari, originaire de la vallée d’Hérens. Il y a eu tout d’abord, dit-elle, quatre différentes prières pour arrêter les hémorragies, soulager les brûlures, les douleurs et les migraines. Puis, d’autres ont suivi, transmises de toute la Suisse romande, mais surtout du Valais et de Fribourg, deux cantons où les faiseurs de secrets font partie des traditions.
« En pratiquant le secret, on ressent qu’il y a quelque chose de tellement puissant, tellement supérieur ».
« Je reçois autant de demandes d’aides que de partages. Une personne m’a même fait parvenir un recueil de prières, qui vont jusqu’à la bénédiction de couples qui souhaitent un enfant. En pratiquant le secret, on ressent qu’il y a quelque chose de tellement puissant, vraiment supérieur. Appelez-la comme vous le voulez, Dieu ou conscience universelle, chacun choisira selon ses convictions ».
Je ressens la souffrance des autres
Soigner les autres a toujours été une évidence pour la Dre Sierro, du plus haut qu’elle retourne dans son enfance. Aujourd’hui, elle se destine à devenir médecin généraliste, dans ces vallées valaisannes qu’elle a voulu retrouver, après une enfance à Genève.
Le « secret » qu’elle pratique est un élément du patrimoine culturel, qui figure sur la liste de l’Unesco des traditions suisses vivantes. On en trouve des traces dans le monde celtique déjà et même si cette forme de guérison n’a pas d’explications scientifiques, de nombreuses personnes y ont toujours recours.
La Dre Sierro, actuellement en congé maternité dans son village de Savièse, est passée par les urgences, la gériatrie et la médecine palliative de l’hôpital de Sion. « Jamais je ne remplacerai une piqûre de morphine par une prière. Le secret est un complément aux traitements classiques, destiné aux personnes qui sont d’accord de l’accueillir. Lorsque je le pratique, je ressens les souffrances physiques ou psychiques de mes patients. Si je fais le coupe-feu, une vague de froid m’envahit, exactement dans la partie du corps où la personne s’est brûlée. Je ferme les yeux, je suis dans ma bulle de méditation, les mots sont chargés d’une énergie folle ».
Rien de sorcier pourtant dans la pratique du secret. Chacun est capable de l’accueillir et il peut se pratiquer à distance. « Un jour, durant mon stage, j’ai senti qu’une patiente se dirigeait vers une fin de vie. J’ai vu presque un soulagement dans ses yeux, une reconnaissance lorsque je lui ai proposé de l’accompagner avec des prières, en lui tenant la main. Généralement, je chuchote mes prières, qui sont souvent en lien avec l’enseignement catholique, mais pas uniquement. Avec cette patiente, je me suis permise de le faire à haute voix. J’avais l’impression de tout donner pour elle ».
Effet placebo ?
La Dre Sierro ne cherche pas à convaincre ceux qui doutent. De plus, elle a transmis le secret à des infirmières et à des médecins collègues de l’hôpital de Sion, qui le lui ont demandé, en gériatrie, notamment. Je suis formée à la médecine scientifique, dans toute son acceptation, insiste-t-elle. J’ai cependant vu des guérisons inexplicables par la science. Ma belle-mère s’est gravement brûlée une main, durant la période de la brisolée, en voulant retirer du feu une grille en fer. Le lendemain, avec le secret, elle n’avait pas la moindre cloque.
« Le secret est un complément aux traitements classiques, destiné aux personnes qui sont d’accord de l’accueillir ».
La Dre Sierro fait partie de cette nouvelle génération, qui veut marier les différences médecines et cherche d’autres voies. Elle s’intéresse aujourd’hui à l’hypnose, qu’elle a déjà pu pratiquer sur certaines patientes, qui ont la phobie des actes médicaux. « J’essaie de parler le plus possible de ma recherche, pour faire bouger les choses ». Sur le site de l’hôpital de Sion, la direction salue sa démarche.
Photos: zVg / Vanderlei Longo, Pexels.
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