L’homéopathie est-elle en déclin ? Les polémiques actuelles, qui mettent en cause l’efficacité de la thérapie, ont-elles une influence sur les ventes des petites gélules ? En aucun cas, répond Adrien Massotte, directeur du marketing du plus ancien laboratoire uniciste de suisse, la manufacture Schmidt-Nagel à Genève. Chiffres à l’appui, il démontre que les adeptes de l’homéopathie n’ont jamais été aussi nombreux et que la crise de la COVID-19 a incité les Suisses à se tourner davantage encore vers les médecines complémentaires.
La maison Schmidt-Nagel est l’héritière d’une longue tradition. C’est en 1927 que le Dr Pierre Schmidt, médecin homéopathe neuchâtelois, et son épouse Dora Nagel, pharmacienne, installent leur laboratoire à Satigny, dans la banlieue de Genève. Très vite, l’enseigne devient une référence. On raconte encore aujourd’hui leurs voyages à travers le monde, à la recherche des meilleures souches, des meilleurs venins de serpents, d’araignées, leur souci de mener leur art à l’excellence. Dans les années 1980, Dominique Massotte, docteur en pharmacie, rachète Schmidt et Nagel et s’engage auprès de ses fondateurs à perpétuer leur travail. Elle en est aujourd’hui la présidente et l’unique actionnaire. L’entreprise compte 25 collaborateurs en Suisse et 12 au Canada. Son fils, Adrien, élevé dans cette philosophie, assure la relève.
Adrien Massotte, l’homéopathie est contestée par la communauté scientifique européenne, qui remet en cause son efficacité. Y a-t-il un impact sur les consommateurs suisses ?
Adrien Massotte
Adrien Massotte: L’homéopathie est une très belle médecine, qui a fait ses preuves depuis plus de 200 ans. Il faut savoir bien l’utiliser et respecter ses principes qui sont souvent mal connus… On récence à ce jour 13’400 articles et plus de 9’000 recherches cliniques portant sur l’homéopathie. Dans des pays comme l’Inde, le Brésil, la Russie, Cuba, sans parler de l’Allemagne ou de la France, des centaines de millions de patients se soignent grâce à cette approche thérapeutique.
L’homéopathie est une très belle médecine, qui a fait ses preuves depuis plus de 200 ans. On récence plus de 9’000 recherches cliniques portant sur l’homéopathie.
Pierre Schmidt pratiquait déjà l’Homéopathie à Genève en 1921, il donnait des conférences dans toute l’Europe. Il désirait y promouvoir l’homéopathie, convaincu par les bons résultats obtenus sur ses patients. Chez nous, en Suisse, l’homéopathie a le même statut que la médecine traditionnelle et les traitements sont pris en charge par l’assurance maladie de base depuis 2012. Nous nous battons actuellement, avec d’autres laboratoires Suisses et Européens, membres d’ECHAMP* pour nous défendre contre les attaques et rectifier les controverses mensongères.
Comment le consommateur peut-il être assuré de la qualité de vos produits ?
Le Dr. Pierre Schmidt a posé les bases de notre philosophie, nous respectons les valeurs qu’il nous a transmises pour garantir la qualité optimale d’un remède homéopathique.
Toute notre production se fait à Genève, et nous sommes régulièrement inspectés par Swissmedic qui nous donne l’accréditation GMP.
Toute notre production se fait à Genève, et nous sommes régulièrement inspectés par Swissmedic qui nous donne l’accréditation GMP.
Les producteurs d’homéopathie doivent suivre la même législation que les pharmas. Est-ce contraignant pour de petits laboratoires comme Schmidt-Nagel ?
L’homéopathie est une très belle médecine, qui a fait ses preuves depuis plus de 200 ans.
Nous avons des exigences qui suivent de près les directives de l’industrie pharmaceutique avec certaines différences liées à notre activité. Afin de maintenir une homéopathie de renom, qui doit être à la hauteur des attentes des homéopathes, nous devons avoir un assortiment important de substances, ce qui multiplie les coûts au niveau législatif. Nous sommes très attachés à la diversité des remèdes pour offrir aux patients le maximum de chance de guérison selon les prescriptions médicales.
En France, le leader mondial Boiron a dû supprimer un quart de ses effectifs, en réponse à une baisse des ventes. Comment se portent vos affaires ?
Schmidt-Nagel se porte bien. Le confinement et la crise de la COVID-19 ont même dopé notre chiffre d’affaires, qui a progressé de près de 5 % à fin juin. Vous savez, le recours à la médecine complémentaire a augmenté de 16 % depuis 2002 en Suisse et 36 % de la population recourent aux médecines douces. En 1985, lorsque Dominique Massotte a repris le laboratoire, elle s’est attachée à en assurer le développement continu.
Schmidt-Nagel a construit un solide réseau, avec des pharmacies indépendantes, des chaines, des homéopathes et des thérapeutes. Nos chiffres ont progressé de 25 % depuis 2013.
Depuis, Schmidt-Nagel a construit un solide réseau, avec des pharmacies indépendantes, des chaines, des homéopathes et des thérapeutes. Nos chiffres ont progressé de 25 % depuis 2013. Notre clientèle est essentiellement en Suisse mais nous avons désormais une succursale au Canada et notre ambition, à terme, est de nous ancrer au niveau européen.
L’équipe du laboratoire pharmaceutique Schmidt-Nagel
Photos: Pixabay, idd
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