Fabrice Müller
Dix ans se sont écoulés depuis que le peuple et les cantons ont accepté, le 17 mai 2009, l’article constitutionnel sur les médecines complémentaires. Une des revendications centrales en était la création de diplômes fédéraux et d’autorisations cantonales de pratiquer pour les thérapeutes non-médecins. Où en est-on aujourd’hui de sa mise en oeuvre ?
Une importante étape dans l’établissement des professions de thérapeute complémentaire et de naturopathe a été franchie avec l’organisation des premiers examens pour l’obtention du diplôme fédéral. Les premiers examens supérieurs ont eu lieu pour les deux professions en 2015, une fois les règlements d’examens approuvés par le Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI). Comme le dit Norbert Allenspach, président de l’Organisation du monde du travail de la médecine alternative (OrTra MA), les examens ont été de haut niveau ces quatre dernières années. Chaque année, pour la seule naturopathie, 220 personnes s’y présentent.
Nous avons atteint là un objectif important ; la profession de naturopathe est désormais reconnue.
Chez les thérapeutes complémentaires, ce sont chaque année une bonne centaine de candidates et candidats qui passent les examens. « Nous avons atteint là un objectif important ; la profession de naturopathe est désormais reconnue. Cette reconnaissance est unique à l’international et elle donne à nos professions une sécurité précieuse », se réjouit Norbert Allenspach qui voit le défi actuel dans le recrutement d’expertes et experts dont la formation dure une année et dont seul un nombre suffisant garantira de pouvoir répondre à la forte demande en places d’examen.
Tractations avec les cantons
Actuellement, les responsables des associations professionnelles sont en tractation avec les services de la santé publique des 26 cantons. C’est un véritable rocher de Sisyphe, explique Christian Vogel, membre du comité de l’OrTra de la thérapie complémentaire (OrTra TC) et de la Fedmedcom, car chaque canton a ses propres lois sur la santé publique. La reconnaissance des deux professions ne va pas sans problèmes partout. Les thérapeutes de la médecine alternative ont besoin d’une autorisation d’exercer dans nombre de cantons, contrairement aux thérapeutes complémentaires. Le canton du Tessin est le plus strict en matière de règlements et d’autorisations. Les cantons de Suisse romande n’ont encore de réglementation pour aucune des deux professions. D’après Christian Vogel, la loi fédérale sur le marché intérieur pourrait éviter de trop grandes différences entre les ordonnances cantonales.
Intégration dans le système de santé
Les responsables des deux OrTras ont encore un grand travail devant eux pour faire entrer définitivement la thérapie complémentaire et la médecine alternative dans le système de santé, notamment dans les hôpitaux et la recherche. « Bien que prévues, ces discussions n’ont pas encore eu lieu. Nous voulons dorénavant participer au réseau de santé comme des partenaires équivalents », souligne Norbert Allenspach. C’est la raison pour laquelle son OrTra a lancé un projet de promotion de l’interdisciplinarité entre les médecines alternative et conventionnelle. Il manque, pour l’heure, à l’intégration des thérapies complémentaires dans la recherche – selon Christian Vogel – la superstructure académique. Et, là aussi, il faudra encore un intense travail de persuasion pour mettre en oeuvre les intentions de l’initiative populaire. La Fedmedcom soutient le travail des OrTras. Les deux organisations en sont membres.
Photos: Pixabay
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