Entrevue avec la doctoresse Jana Siroka
Docteure, vous êtes spécialiste en médecine interne et en médecine intensive. Vous avez complété votre cursus avec la médecine élargie par l’anthroposophie. En quoi votre activité médicale se différencie-t-elle de celle de vos collègues sans formation en médecine complémentaire ?
Jana Siroka: Grâce à mon expérience en médecine intensive, je sais ce que signifie traiter un patient ayant une infection sévère des voies respiratoires. Je sais ce que cela implique en engagement et en ressources personnelles. Je peux me faire une bonne idée des conditions dans les hôpitaux d’Italie du Nord.
Ici, dans la clinique d’urgence, j’établis sur demande des ordonnances pour des médicaments complémentaires à l’intention des patientes et des patients qui rentrent à la maison.
Ma formation complémentaire anthroposophique m’amène à voir mes patientes et mes patients dans leur globalité avec leurs aspects physiques, psychiques et mentaux. La perspective holistique aide aussi pour des patients en crise, dans les entretiens avec des proches ou dans l’accompagnement d’un mourant. Ici, dans la clinique d’urgence, j’établis sur demande des ordonnances pour des médicaments complémentaires à l’intention des patientes et des patients qui rentrent à la maison. C’est en général très apprécié.
L’UNION des sociétés suisses de médecine complémentaire propose d’intégrer la médecine complémentaire dans la lutte contre la pandémie. Pourquoi ?
J’aime bien utiliser le terme de « médecine intégrative », parce qu’il indique la conjonction des approches des médecines dites conventionnelle et complémentaire. La médecine intégrative met l’accent sur le renforcement du système immunitaire en cas de maladies infectieuses. Pour pouvoir combattre efficacement des agents pathogènes tels des virus ou des bactéries, le ou la patiente doit avoir un système immunitaire qui fonctionne bien.
C’est pourquoi, je suis d’avis que les concepts thérapeutiques de la médecine intégrative peuvent être appliqués aussi pour des maladies telles que celles que nous vivons actuellement dans le cadre de la pandémie.
Les approches globales de la médecine intégrative visent à fortifier tous les aspects de la personne et à stimuler les forces d’auto-guérison. C’est pourquoi, je suis d’avis que les concepts thérapeutiques de la médecine intégrative peuvent être appliqués aussi pour des maladies telles que celles que nous vivons actuellement dans le cadre de la pandémie.
Que faut-il faire si l’on est infecté et qu’on présente des symptômes tels qu’une toux sèche, des maux de gorge, un souffle court ou de la fièvre ?
Il est très important de suivre les consignes de l‘Office fédéral de la santé publique. Notamment celles de la quarantaine volontaire. En cas de symptômes, il faut impérativement rester à la maison et consulter un médecin selon leur gravité.
Il est conseillé à toute personne qui est à la maison et présente les symptômes d’une infection d’adopter des mesures usuelles : suffisamment de sommeil, rester au chaud, beaucoup boire, surtout des boissons chaudes comme du thé au gingembre ou au citron. Les substances nocives, telles la nicotine, l’alcool et le sucre en trop grande quantité, sont à proscrire. Il est possible d’accompagner ces mesures de la prise de médicaments de médecine complémentaire. Toutes les branches médicales – la phytothérapie, la médecine traditionnelle chinoise, l’homéopathie et la médecine élargie par l’anthroposophie – ont des médicaments servant à renforcer la vitalité.
Si la maladie évolue sans complication, p.ex., à la maison à l’isolement, personnellement j’hésiterais à faire baisser la fièvre en cas d’infection.
On a entendu des déclarations contradictoires sur les médicaments fébrifuges comme, par exemple, l’ibuprofène. De tels médicaments peuvent-il avoir une incidence défavorable sur le cours d’une maladie infectieuse ?
La fièvre est un important mécanisme de défense en cas d’infection. La science est unanime sur ce point. La fièvre stimule le système immunitaire, les virus se multiplient plus difficilement dans le corps, certaines bactéries ne peuvent pas survivre à des températures élevées. Des études montrent que, même aux soins intensifs, il ne sert à rien de baisser la fièvre en cas d’infection : le taux de mortalité n’en est pas diminué. Il n’existe, pour l’heure, pas encore assez de données solides sur le COVID-19 pour pouvoir affirmer quoi que ce soit à ce propos.
Si la maladie évolue sans complication, p.ex., à la maison à l’isolement, personnellement j’hésiterais à faire baisser la fièvre en cas d’infection. Si l’on ne se sent pas trop mal, il vaudrait mieux user de remèdes de grand-mère comme des compresses d’eau froide citronnée sur les mollets.
Que recommandez-vous à toutes les personnes en bonne santé ? Comment peut-on fortifier son système immunitaire ?
Les mesures usuelles évoquées sont aussi importantes comme prévention. Veillez à dormir suffisamment – mais pas non plus trop. Sept heures de sommeil paraissent être une bonne durée. Il est très important que vous bougiez régulièrement et fassiez une bonne réserve de lumière et de soleil à l’air frais. Ayez une alimentation saine et équilibrée. Les substances amères (chicorée, artichauts, thé amer, etc..) dans l’alimentation stimulent les cils vibratiles du poumon.
Une personne en bonne santé peut aussi prendre prophylactiquement des médicaments complémentaires ou végétaux. Il faut savoir aussi que tout ce qui nous angoisse affaiblit notre système immunitaire et que tout ce qui nous fait plaisir a un impact positif sur nos capacités de résistance.
La doctoresse Jana Siroka est spécialiste en médecine interne et médecine intensive. Elle a également un certificat de capacité en médecine élargie par l’anthroposophie. Elle travaille actuellement comme cheffe de clinique dans un centre d’urgence de Zurich. Elle rejoindra prochainement la clinique intégrative d’Arlesheim pour y créer une unité de soins intermédiaires (entre les soins intensifs et l’unité normale) et en prendre la direction avec celle des urgences. Dre Jana Siroka est également présidente de la section zuricoise de l’association suisse des médecins-assistant(e)s et chef(fe)s de clinique (ASMAC).
Photos: Pixabay, idd
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