Romaine Jean
Le Centre de pédiatrie intégrative de l’HFR est pionnier dans la prise en charge complémentaire des maladies enfantines. Et, son expérience commence à faire école. Un projet de recherche clinique commun, avec les hôpitaux universitaires de Genève, a été lancé pour soigner la bronchiolite.
À Fribourg, le Centre de pédiatrie intégrative a été ouvert en 2015 et des parents de toute la Suisse y viennent pour soigner « différemment » asthme, allergies, bronchites, bronchiolites et autres maladies enfantines. À partir de 2016, face à la forte demande des familles et du personnel soignant, les soins ont été élargis à d’autres pathologies enfantines, à l’exception des cancers, et une consultation ambulatoire a été ouverte. La pratique est basée sur la médecine anthroposophique, qui considère le malade dans sa globalité, dans les interactions entre son corps, son âme et son esprit, qui doivent s’imbriquer harmonieusement.
Les thérapies complémentaires pour soigner la bronchiolite
L’expérience de la pédiatrie fribourgeoise commence à intéresser les autres centres hospitaliers et un projet multi-centré a été lancé, avec les HUG à Genève. L’étude clinique randomisée, qui démarrera à l’automne, concernera des enfants hospitalisés pour des bronchiolites. « Pédiatrie suisse » a mis en garde, en novembre dernier, contre l’augmentation alarmante des consultations d’urgence et hospitalisation dues à cette maladie enfantine, qui provoque des difficultés respiratoires et panique les parents.
« Pédiatrie suisse » a mis en garde contre l’augmentation alarmante de cette maladie enfantine, qui provoque des difficultés respiratoires.
A Fribourg, des protocoles de thérapies complémentaires ont été mises au point, aux côtés des thérapies conventionnelles, pour soigner les bronchiolites. Parmi elles, des enveloppements thoraciques au séré, des applications thoraciques avec une feuille de cire au thym que l’on glisse sous un coussinet de laine de mouton. Grâce à la chaleur circulant entre le corps et la laine, la substance puisse déployer son effet thérapeutique. Il y a aussi les enveloppements thoraciques à l’huile de lavande la nuit, qui apaisent la toux et favorisent le sommeil.
Combiner les fondements scientifiques avec une vision anthroposophique
Le Centre de pédiatrie intégrative a une approche médicale complémentaire reconnue, qui combine les fondements scientifiques avec une vision globale et anthroposophique de l’Homme. La collaboration entre le personnel soignant et les parents y est capitale. Les thérapies proposées comprennent des médicaments naturels, minéral, végétal et animal, des enveloppements, des frottements, des massages, de l’art-thérapies et des thérapies par le mouvement.
Entretien avec Dr. Benedikt Huber, médecin-adjoint du Centre de pédiatrie intégrative.
Benedikt Huber, qu’est-ce qui vous a attiré dans la médecine anthroposophique ?
Benedikt Huber : C’est l’intérêt profond pour l’être humain, qui est tellement passionnant. Je cherche toutes les voies, pour élargir ma connaissance et ma compréhension de la maladie, et je ne suis qu’au début du chemin. Je pense que nous ne devons pas nous limiter, comme soignant, au monde physique et aux sciences naturelles, mais nous intéresser au patient dans sa globalité.
Nous ne devons pas nous limiter, comme soignant, au monde physique mais nous intéresser au patient dans sa globalité.
Le réflexe des parents qui viennent nous voir est souvent de se dire : « bien que mon enfant n’ait pas besoin d’être hospitalisé, il devrait pouvoir bénéficier de cette approche ». Ce n’est pas toujours le cas, mais les résultats sont souvent très intéressants.
A côté de la recherche sur la bronchiolite, avez-vous lancé des études cliniques pour vérifier le bien-fondé scientifique de votre approche ?
L’hôpital fribourgeois n’a pas les ressources financières des hôpitaux universitaires. Nous avons commencé à faire des recherches précliniques, pour étudier les effets des substances de la gentiane jaune, très utilisée dans le monde, sur les maladies respiratoires.
Nous avons aussi un projet de recherche en cours pour connaître l’impact de la pédiatrie intégrative sur la vie des infirmières. Concrètement, cela leur rajoute du travail, mais les infirmières nous disent retrouver la valeur de leur profession, en étant plus proches de leurs patients.
Sentez-vous un intérêt croissant du monde médical pour la pédiatrie intégrative ?
J’espère que la collaboration avec les HUG va stimuler la recherche en pédiatrie intégrative, pour impliquer d’autres centres. Il faudrait davantage de moyens financiers pour mener des études. La société suisse de pédiatrie est la première en Suisse, voire en Europe, à avoir un groupe d’intérêt, crée en 2017, pour l’approche intégrative des maladies enfantines.
D’autres articles qui pourraient également vous intéresser
- La pédiatrie intégrative – Comment soigner son enfant autrement
- Kurt Hostettmann : des plantes médicinales pour garder la santé
- Le sel pour traiter les problèmes respiratoires ?
Photos : Helena Lopes, Ivanna Kykla – Pexels.com / Alexandre Bourguet
Avez-vous aimé cet article?
Chaque petit don contribue à rendre possible de futures contributions. Merci beaucoup!