Romaine Jean
Encore confidentiels, il y a peu, les naturopathes connaissent un succès grandissant dans le monde des médecines complémentaires. « Nous sommes des éducateurs de santé », dit l’une d’elles, Cynthia Lüthi, que nous avons suivie, lors d’une soirée « immersion pleine lune », au bord de l’eau.
Imaginez une petite crique, au bord du lac Léman, aux environs de Morges, un soir de juin caniculaire. Une dizaine de participantes est assise en tailleur autour d’un feu, échange et écoute le bruit des vagues. Les séances de méditation sont ponctuées par les airs des sœurs « Woodgies », un groupe folk aux origines irlandaises. Cynthia Lüthi elle-même joue du Hang (Panart), un instrument suisse composé de deux coupelles métalliques embouties.
Peu après vingt-deux heures, la pleine lune apparaît, derrière les montagnes qui encerclent Évian, de l’autre côté du lac. À cette saison, cette « Lune des fraises » comme on l’appelle, apparaît plus grande et plus brillante qu’à l’ordinaire, par sa proximité avec la Terre. Il est l’heure de s’immerger, progressivement, dans le lac, en pleine conscience. « À ma première expérience dans un bassin d’eau froide, lors d’un stage Kneipp à Lucerne, quelque chose s’est passé », nous dit Cynthia Lüthi. « J’ai senti une paix, un détachement, que je retrouve difficilement ailleurs ». Les participantes confirment et n’ont qu’un seul mot à la bouche : magique ! La soirée au bord du lac Léman s’achève aux environs de minuit, par des tisanes et des boules énergie, qu’en spécialiste de la nutrition, la thérapeute, basée à Savigny, dans le canton de Vaud, a préparé.
Le retour à l’essentiel
Cynthia Lüthi
Cynthia Lüthi a beaucoup cherché, voyagé, étudié pour créer son propre univers. Diplômée en Médecine Traditionnelle Européenne en septembre 2019, au sein de la Haute Ecole Professionnelle supérieure, EPSN, à Lausanne, elle est actuellement dans le processus de validation du Diplôme Fédéral Suisse de Naturopathie Médecine Traditionnelle Européenne. « Mes aventures m’ont amenée au Maroc, où j’ai notamment pu apprendre la base de l’alimentation crue et vivante. Je suis ensuite passée par les Alpes italiennes pour rencontrer le Maître Yogi Maurice Daubard, qui m’a partagé son savoir du Yoga Toumo, le Yoga du froid », nous explique Cynthia Lüthi, dont le terrain de jeu est la nature, les éléments et l’eau, même en hiver.
Chaque naturopathe possède sa sensibilité et spécialité pour soigner, même si nous nous rejoignons sur les règles de base.
Il y a autant de manière d’exercer la naturopathie qu’il existe de fleurs dans les champs, dit Cynthia Lüthi, qui pratique l’hydrothérapie froide, la phytothérapie, la nutrition, le massage, la respiration et la méditation. « Chacun possède sa sensibilité et spécialité pour soigner, même si nous nous rejoignons sur les règles de base ». Et qui surtout, depuis deux ans, organise des retraites, séjours, soirées, balades en pleine nature, pour toutes les personnes qui veulent changer leur manière de vivre, retourner à l’essentiel, en se reconnectant avec son corps et sa nature profonde. « Ma joie ultime est d’aller explorer des endroits uniques, seule, ou en petits groupes que j’accompagne ».
Interview de Cynthia Lüthi
Que répondez-vous à ceux qui objectent que les naturopathes ne sont pas des scientifiques et que leur faible niveau de formation médicale fait courir des risques ?
Ce n’est pas le cas en Suisse, où la profession de Naturopathe est sérieuse et protégée. J’ai une formation médicale de base de plus de 700 heures. Nous sommes alors tenus de suivre pas moins de 2’000 heures de cours théoriques et pratiques pour pouvoir exercer notre métier, sans compter le Diplôme Fédéral. J’ai été formée pour reconnaître les cas suspicieux que je dois immédiatement référer au médecin traitant. Il m’arrive de collaborer avec certains médecins, je trouve cela formidable pour la prise en charge globale de la personne. Comme client, vous avez le droit de demander à votre thérapeute en médecine intégrative son cursus et ses diplômes pour vérifier le sérieux de la formation suivie.
Il m’arrive de collaborer avec certains médecins. Je trouve cela formidable pour la prise en charge globale de la personne.
Cynthia Lüthi
Vous travaillez actuellement sur un projet de recherche sur les bienfaits de l’hydrothérapie froide sur la santé en partenariat avec l’EPSN. Dites-nous comment cela se passe ?
L’EPSN a ouvert un centre de recherche nommé NAVI qui « bâtit des ponts entre l’empirisme de la naturopathie et des médecines traditionnelles, et l’approche clinique de la médecine conventionnelle ». Je collabore avec ce pôle dans le cadre de mon travail de mémoire qui a pour thème les effets des expositions au froid sur la sphère psychoémotionnelle. Mon étude devrait voir le jour dans le courant de cet automne.
Qui sont les personnes qui viennent vous voir ?
Des personnes qui souhaitent mieux se connaître pour mieux se comprendre, qui ont envie de changer leurs habitudes de vie, mais qui ont besoin d’être guidés pour cela. La naturopathie excelle particulièrement dans la prévention des maladies, ainsi que dans la prise en charge des maladies chroniques, en compléments du suivi allopathique.
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Fotos: Alessandra Marzolo
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